Apprendre par cœur, la pire des stratégies ?

Un super reportage de France Info en 6 épisodes pour comprendre comment fonctionne la mémoire ! 

On croit souvent que répéter une information encore et encore suffit pour la retenir. Spoiler : ce n’est pas le cas ! Selon Mickaël Laisney, chercheur en neurosciences, la mémoire n’est pas un muscle qui « grossit » en fonction du nombres de répétitions, mais plutôt grâce à un système d’associations.

Alors, comment apprendre efficacement ?

  • Associer plutôt que bachoter : relier une nouvelle information à ce que vous connaissez déjà rend la mémorisation beaucoup plus solide. La célèbre « méthode des lieux » en est un parfait exemple : on se sert de points d’ancrage familiers pour mieux stocker et retrouver les infos.

  • Jouer sur plusieurs sens : votre cerveau n’est pas qu’audition ou vision, il adore combiner. Imaginer une scène tout en la décrivant, ou classer vos infos par catégorie, crée des traces multiples et durables.

Bref, ce n’est pas la quantité de répétitions qui compte, mais la façon dont vous apprenez. 

Répéter mécaniquement une information n’est pas la méthode la plus efficace pour l’ancrer durablement en mémoire. D’autres stratégies, fondées sur le fonctionnement des bases cérébrales de la mémoire, permettent de mieux apprendre.

Avec
  • Mickaël Laisney, enseignant-chercheur en neurosciences à l’École Pratique des Hautes Études – Paris Sciences et Lettres (PSL)
 

Dans ce premier épisode, Mickaël Laisney, enseignant-chercheur en neurosciences à l’École Pratique des Hautes Études – Paris Sciences et Lettres (PSL), vous propose de tester différentes stratégies d’apprentissage issues de ses travaux de recherche en neuropsychologie, qui combinent évaluations des capacités mnésiques et mesures du fonctionnement cérébral. Ces expériences révèlent que la mémoire ne se renforce pas par la simple répétition, mais par la richesse des connexions établies entre les informations.

 

L’apprentissage par cœur, une illusion d’efficacité

Répéter une information plusieurs fois de façon identique a peu d’effet sur sa mémorisation à long terme, surtout si la répétition est concentrée sur une courte période. Ce type d’apprentissage, appelé « bachotage », est efficace uniquement à très court terme. Contrairement à une idée largement répandue, la mémoire ne fonctionne pas comme un muscle, mais comme un système d’organisation et d’association.

Apprendre en associant, une stratégie plus résistante

La mémoire retient mieux les nouvelles informations lorsqu’elles sont reliées à des connaissances déjà ancrées. C’est ce mécanisme qu’on retrouve dans la méthode des lieux, un moyen mnémotechnique connu depuis l’Antiquité qui consiste à associer les éléments à mémoriser à des endroits familiers. Le cerveau utilise ces points d’ancrage pour mieux stocker et retrouver l’information. Cette stratégie repose sur la capacité associative de la mémoire : plus les liens entre les informations sont nombreux et variés, plus la trace mémorielle est résistante dans le temps.

Combiner les canaux : la force du double codage

Contrairement à une idée reçue, vous n’avez pas une mémoire visuelle ou auditive : elle fonctionne très bien sur les deux canaux. Et l’efficacité de l’apprentissage augmente quand plusieurs canaux sensoriels sont mobilisés. La théorie du double codage montre que la mémoire est plus performante lorsqu’on associe les formats visuel et verbal. Par exemple, imaginer une scène tout en la décrivant permet de créer deux traces complémentaires. De même, organiser les éléments à apprendre par sens ou par catégorie aide le cerveau à les structurer et à mieux les restituer.

Apprendre efficacement ne dépend donc pas du nombre de répétitions, mais de la qualité des stratégies utilisées. Dans le prochain épisode, il sera question d’un autre levier puissant de mémorisation : privilégier le fond plutôt que la forme, et établir un lien avec son propre vécu.